Il y a un quelques temps déjà, j’assemblais les pierres et perles anciennes, les coquillages et autres trouvailles de chemins. Parmi les amies qui portaient mes créations, Laurence, fantaisiste lumineuse, arborait avec une élégance gaie, la broche “Jardin clos”, une composition florale modelée et peinte dans des couleurs vives, enrubannée de bleu ou rouge sombre. Le médaillon était serti d’un rang de perles à facettes en verre noir.
Des années plus tard, lors du lancement de la marque Isée en avril 2018, je retrouvai Laurence toujours aussi librement heureuse. Elle me faisait la surprise d’avoir amené une partie de son trésor dans un foulard.
Sur le tissu, des broches discrètes, extravagantes, antiques, baroques, victoriennes, perlées, en strass, émaillées, filigranées, gravées. Autant de broches, autant d’histoires attachées. Celle de la broche perdue ou abimée, celle de la broche offerte, celle qui fut épinglée après un coup de cœur… Au centre je finis par discerner une broche que j’avais fabriquée. Couleurs et vernis étaient usés. La facture artisanale, le temps qui s’était écoulé, lui donnaient les teintes d’un bijou très ancien, comme exhumé lors d’une fouille.
Je crois comme Laurence que la broche est un bijou particulier. Est-ce dû au fait qu’il occupe la place si convoitée du cœur ? Qu’il s’épingle et ne s’attache pas ? Que sa forme et ses teintes sont en dialogue permanent avec le vêtement, le chapeau ou l’étole ? A moi, il permet de raconter une étoffe, un duo de couleurs, une forme, d’imaginer une fleur singulière, une plante, un animal fantastique, une constellation, d’évoquer le souvenir d’un visage, une expression, un sentiment, une sensualité. C’est toujours très émouvant ensuite de ressentir les vibrations que dégage la broche en place sur la personne qui l’a choisie, de voir “leur histoire” se raconter sous nos yeux. Ce fut le cas, ce jour d’avril, lorsque Laurence décida que ce serait la broche écusson cachemire ou petit caméléon, appelée “Naïve”.